Une conversation avec Steve Driscoll, artiste paysagiste canadien
En visitant les bureaux de Bloor Street de Manuvie à Toronto, vous constaterez que les murs ont été transformés par une végétation à couper le souffle, la nature ayant recouvert le marbre poli autrefois blanc. Ce lieu reflète le parcours artistique de Steve Driscoll, dont les travaux récents illustrent son attachement à la grande nature sauvage du Canada.
Steve transpose ses aventures de plein air, les randonnées, le camping et le canotage, en vues immersives et en gros plans. L’art paysager est le type d’art canadien le plus traditionnel. Cependant, sa spontanéité picturale et son expérimentation avec la lumière, la couleur et l’échelle apportent quelque chose de tout à fait contemporain au genre.
Alors quand est venu le temps de commander de nouvelles œuvres d’art, nous avons tout de suite pensé à Steve. En tant que gestionnaire le plus important de placements en capital naturel au monde¹, Manuvie possède des actifs réels (comme des terrains forestiers) depuis plus de 95 ans. Cela nous permet ainsi de mieux nous diversifier tout en gérant le risque et de nous protéger contre les baisses des marchés ².
Manuvie voulait que ses bureaux incarnent le même lien avec la nature. Les toiles réalisées, qui occupent maintenant un espace de quinze mètres sur deux mètres, sont une porte vers la nature dont les fenêtres laissent percevoir le paysage naturel qui nous entoure.
Inspiration et processus créatif
Bien qu’il soit habitué à créer de grandes œuvres, c’est l’ampleur de la commande de Manuvie qui a d’abord stimulé sa créativité.
« Avec un espace de cette taille (quinze mètres sur deux mètres), je voulais créer un semblant de scénario et j’ai donc saisi cette occasion d’élaborer quatre œuvres consécutives qui racontent une histoire dans le temps », dit Steve. « L’expérience n’en devient que plus immersive – le public ne se tient pas juste devant une seule image : il marche entre chaque œuvre et est donc contraint de réfléchir à ce qui se passe.
« J’aime faire de longues randonnées en plein air, et c’est ce que cette collection représente pour moi », dit-il. « Le thème principal sous-jacent de l’œuvre est le voyage. Celui-ci commence dans un endroit et vous mène vers des lieux très différents : sous le couvert forestier, face à des montagnes lointaines, sur des sentiers printaniers captivants, à travers des ronces et une végétation dense. Je tenais à rassembler ces éléments pour souligner la diversité qui existe tout au long du chemin. »
Produits et technique
Pour peindre A Long Way Home, Steve a utilisé sa matière de prédilection, soit la peinture à l’uréthane pigmentée, plutôt que des huiles et des peintures acryliques plus traditionnelles. Cette technique surprenante et complexe laisse place à une palette d’effets éblouissants, imitant ainsi le noir des recoins cachés de la forêt, la translucidité nacrée des nuages agités et la brillance dorée des feuilles éclairées par le soleil. Il en résulte des couleurs vives et intenses, qui, selon l’artiste, ont le pouvoir de déclencher des souvenirs et d’influer sur la nostalgie et les humeurs des gens.
Dans la plus pure tradition canadienne, Steve a découvert son médium de prédilection grâce à la météo. Il devait transporter une grande aquarelle alors qu’il pleuvait (« On le sait, il pleut chaque fois qu’on doit déplacer des œuvres d’art », dit-il en riant), et il s’est souvenu des qualités protectrices de l’uréthane qu’il avait découvertes lorsqu’il travaillait chez Canadian Tire. « Je l’ai vaporisé sur mon tableau, et la surface a changé immédiatement. C’est comme plonger de la peinture sous l’eau. »
Steve a été tellement intrigué par le potentiel de l’uréthane qu’il a décidé de continuer à l’utiliser, bien qu’il ait dû équiper son studio d’une ventilation particulière pour pouvoir utiliser cette substance potentiellement toxique en toute sécurité. Au début, il servait de liant pour les peintures abstraites. Mais Steve, qui discerne très bien ce qu’il est possible de faire avec les produits, a compris que l’uréthane le conduisait dans une direction différente.
« Une fois que j’ai compris comment m’en servir correctement, je me suis rendu compte qu’il pouvait être utilisé pour la représentation », dit l’artiste, qui, à force de persévérance, peut désormais appliquer cette technique délicate à sa façon. « La cadence, le niveau des mélanges, la consistance, la pression de l’air, la quantité de vent ou de ventilation dans la pièce peuvent avoir une incidence sur le tableau. C’est un équilibre parfait entre toutes ces choses qui me permettent de faire ce que je fais. »
Le médium de prédilection de Steve dicte aussi la façon dont il crée chaque œuvre. L’artiste place la toile sur le sol (« Ça coulerait énormément si j’essayais de peindre sur un mur ») et crée méthodiquement la représentation, dessinant d’abord les contours et remplissant les zones les plus sombres pour donner un sentiment de composition. Une fois qu’il est satisfait de ces éléments, il continue d’ajouter des couches supplémentaires, grimpant sur une échelle pour se faire une meilleure idée de ses progrès. Étonnamment, Steve termine chaque œuvre au cours d’une seule séance, quelle que soit sa taille. Il explique : « Cela peut prendre environ 15 heures pour un tableau plus grand, mais c’est comme ça que j’aime travailler. C’est comme une peinture gestuelle, tout est réalisé en une seule séance, sans aucun moyen de revenir en arrière et de modifier quoi que ce soit. Si le résultat n’est pas satisfaisant, on jette tout. »
Expérience et prochaines étapes
Steve est récemment revenu d’un séjour de six mois à Victoria (C.-B.), qui a nécessité un trajet de cinq jours vers l’ouest, avec des arrêts réguliers pour admirer le paysage en cours de route. Le voyage aller et retour lui a permis d’admirer le paysage sous des angles totalement différents pendant l’été et l’hiver; une expérience qu’il prévoit refléter dans ses projets. Sa prochaine exposition aura lieu en janvier 2024 à la Metivier Gallery de Toronto.
« Le changement de saison a un effet considérable sur l’aspect des paysages, et cela exerce d’énormes influences sur nous, » dit l’artiste. « Le fait d’être à l’ouest a aussi façonné ma façon de penser, et j’ai hâte de créer des représentations de montagnes et d’océans plutôt que de lacs. »
Bien que les sujets puissent changer, la nature sauvage du Canada continuera d’inspirer Steve et, à son tour, il continuera d’interpréter sa beauté naturelle à sa manière. Il explique : « J’ai passé du temps au Royaume-Uni, en Irlande, au Danemark et en France, entre autres, et partout où je vais, j’admire toujours le paysage. Mais je ne peux pas oublier toutes les images de mon enfance passée près d’Algonquin. Quand on est né dans un paysage aussi vaste et dramatique, il reste à jamais graver dans la mémoire. »
Pour en savoir plus sur Steve et voir ses œuvres, consultez son site Web à l’adresse http://www.stevedriscoll.com/.
Renseignements importants
1 IPE Research au 2023-02-05. Le classement est fondé sur l’actif géré total en capital naturel, qui comprend l’actif géré en foresterie, en agriculture et en terrains forestiers ou en terres agricoles. Les cabinets ont été priés de fournir l’actif géré, et les dates varient du 2021-12-31 au 2022-12-31. 2 La diversification n’est pas garante de profits et n’élimine pas le risque de perte, peu importe le marché. Manuvie a des actifs réels à son propre bilan depuis 1925.
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