Les récentes turbulences des marchés mondiaux : quel est l’impact pour le Canada?

La volatilité des marchés a fortement augmenté à la suite de la fermeture de trois prêteurs américains spécialisés dans le secteur technologique et de l’intensification des craintes de contagion. Au Canada, les marchés financiers ont également connu de fortes variations. Nous examinons de plus près ce que cela pourrait signifier pour l'économie canadienne et son secteur bancaire.

Les événements de ces derniers jours ont renforcé plusieurs de nos principales vues sur l'économie mondiale, mais aussi sur celle du Canada : Nous estimons une probabilité plus élevée qu'une récession se produise au cours du second semestre 2023, ce qui, à son tour, atténuera probablement les pressions inflationnistes en raison de l'affaiblissement de la demande globale.

Les facteurs favorables à une prolongation de la pause de la Banque du Canada ont été renforcés

Contrairement à la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque du Canada avait déjà interrompu son cycle de hausse de taux en raison de ses prévisions de ralentissement de la croissance économique et d'atténuation des pressions inflationnistes. Lors de sa réunion du 8 mars, la banque a réitéré sa décision de faire une pause en laissant son taux directeur inchangé à 4,5 %. L'un des facteurs susceptibles de renforcer la position de la Banque du Canada est que, contrairement aux États-Unis, le niveau élevé d'endettement des ménages au Canada rend l'économie plus sensible aux hausses de taux d'intérêt.

Selon nous, les événements de ces dernières semaines ont ajouté un autre élément de préoccupation pour la Banque du Canada : la stabilité financière. En effet, la banque centrale doit promouvoir un système financier stable et efficace dans le cadre de son mandat principal. Jusqu'à présent, il est raisonnable de dire que la contagion au système financier canadien semble assez limitée. Cela dit, il est probable que toutes les banques centrales mondiales sont plus préoccupées par l'effet potentiel qu'un resserrement excessif pourrait avoir sur certains secteurs qu'elles ne l'étaient il y a seulement quelques semaines

« Nous estimons une probabilité plus élevée qu'une récession se produise au cours du second semestre 2023, ce qui, à son tour, atténuera probablement les pressions inflationnistes en raison de l'affaiblissement de la demande globale. » 

Nous avons noté précédemment que la conséquence principale des événements récents devrait être un resserrement des normes de prêt des banques américaines et européennes, ce qui entraînera une diminution du nombre de prêts. La question qui se pose ici est celle de l'impact sur la croissance nationale si les institutions financières canadiennes devaient faire de même. Cela dit, même si elles ne suivaient pas ce mouvement, le ralentissement de la croissance internationale, toutes choses étant égales par ailleurs, aura sans aucun doute un impact négatif sur les perspectives économiques du Canada. Ainsi, nous pensons que la barre pour un resserrement supplémentaire de la part de la Banque du Canada est désormais plus haute et nous continuons de nous attendre à ce qu’elle réduise ses taux d'ici la fin de l'année.

En ce qui concerne le dollar canadien, les turbulences actuelles sur les marchés financiers mondiaux devraient continuer à générer de la volatilité pour le huard. Cependant, compte tenu du niveau toujours élevé des prix des matières premières et de notre prévision d'un affaiblissement du dollar américain cette année, nous restons constructifs à l'égard du dollar canadien à moyen terme.

Implications pour le marché immobilier canadien

Selon nous, une baisse soutenue des rendements obligataires pourrait faire baisser les taux hypothécaires, mais cela pourrait ne pas suffire pour éviter une baisse du marché immobilier canadien.

Dans les jours qui ont suivi les épisodes précédents de stress dans le secteur bancaire mondial, les marchés se sont empressés de modifier leurs attentes à l'égard de la politique des banques centrales, et ce n'est pas différent cette fois-ci. En effet, les marchés mondiaux sont passés d'anticiper un scénario de pause ou de hausse des taux à un scénario de baisses des taux d'ici la fin de 2023, ce qui a entraîné une baisse des rendements obligataires à l'échelle mondiale. Ces mouvements de marché pourraient avoir d'importantes répercussions sur les taux hypothécaires canadiens.

Les taux hypothécaires à cinq ans, qui sont généralement les produits hypothécaires les plus populaires des Canadiens, suivent habituellement les mouvements des rendements des obligations du gouvernement canadien à cinq ans. Ces derniers sont passés de 3,5 % le 8 mars à 2,8 % une semaine plus tard, ce qui représente l'une des plus fortes baisses hebdomadaires depuis des décennies1. Si les rendements obligataires se maintiennent à ces niveaux (ou s'orientent à la baisse si le sentiment d'insécurité s'aggrave), nous croyons qu’une réduction des taux hypothécaires à taux fixe va s'ensuivre.

Risques de baisse du taux hypothécaire fixe à 5 ans
Graphique mettant en correspondance le rendement des obligations du gouvernement canadien à cinq ans (avec un décalage de trois mois) et le taux hypothécaire conventionnel à cinq ans, de mars 2010 aux données disponibles au 15 mars 2023. Le graphique montre qu'il existe une forte corrélation positive entre les deux.

Source : Banque du Canada, Macrobond, Gestion de placements Manuvie, au 15 mars 2023. La zone grise représente une récession.

Toutefois, les taux hypothécaires variables suivent généralement le taux directeur de la Banque du Canada. Pour que les taux hypothécaires variables baissent, il faudrait donc que la banque centrale procède aux baisses de taux qui sont attendues plus tard cette année. Si cela devait se produire, ce serait un répit bienvenu pour les ménages canadiens, qui sont confrontés au choc de refinancement le plus important depuis les années 19902. Cependant, contrairement à la baisse des taux hypothécaires fixes, qui est susceptible de survenir immédiatement, les baisses des taux hypothécaires variables ont tendance à prendre un certain temps avant de se matérialiser.

Est-ce que la baisse probable des taux hypothécaires suffira à relancer le marché immobilier canadien? Selon nous, probablement pas; nous continuons à penser que les prix de l'immobilier se normaliseront à la baisse. Cela s'explique en grande partie par le fait que la baisse des taux doit être prise en compte dans le contexte de la récession probable qui se profile à l'horizon.

Compte tenu des perspectives économiques plus difficiles, de la possibilité d'une réduction des heures travaillées et d'un taux de chômage éventuellement plus élevé au second semestre de 2023, nous nous attendons à une baisse temporaire de la demande de propriétés, malgré la baisse des taux hypothécaires. Il reste toutefois à voir si cette baisse peut survenir de manière ordonnée (ce que nous pensons) ou si une détresse financière matérielle supplémentaire entrera en jeu.

La volatilité et l'incertitude favorisent une approche active de la gestion de portefeuille

Il est important de noter que le système bancaire canadien est très différent de celui des États-Unis, tant du point de vue de la réglementation que de sa composition. Le système canadien est concentré, avec quelques grandes banques diversifiées dominant le marché, alors que le système bancaire américain est plus décentralisé, avec un accent sur les banques régionales pour les besoins bancaires quotidiens. En ce sens, la dynamique qui a conduit à la fermeture de trois prêteurs américains axés sur le secteur technologique est moins susceptible d'affecter les grandes banques canadiennes, qui constituent le secteur le plus important de l'indice composé S&P/TSX.

Selon nous, les événements survenus aux États-Unis (et la volatilité du marché qui en a résulté) ont renforcé notre conviction quant à la probabilité d'une récession tant au Canada qu'aux États-Unis. Ils renforcent également notre conviction qu'une approche ascendante de la sélection des titres est plus appropriée dans un environnement incertain comme celui que nous connaissons actuellement, plutôt que de s'en tenir à une zone géographique spécifique ou de s'appuyer sur une approche sectorielle. Nous pensons qu'il s'agit d'une meilleure façon d'identifier les opportunités et les risques individuels qui peuvent exister. En ce qui concerne les titres à revenu fixe, la nécessité d'une gestion active obligataire reste primordiale. En effet, avoir la capacité et la flexibilité d'ajuster le portefeuille en fonction de l'évolution rapide des conditions de marché, tout en favorisant les placements de meilleure qualité et une durée moyenne à longue, pourrait faire une énorme différence en termes de rendement.

1 Bloomberg, au 16 mars 2023. 2 Banque du Canada, au 12 décembre 2023.

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Dominique Lapointe, CFA

Dominique Lapointe, CFA, 

Stratège, Macroéconomie mondiale, équipe Solutions multiactifs

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Kevin Headland, CIM

Kevin Headland, CIM, 

Co-stratège en chef des placements

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