Incertitude croissante à la suite des annonces tarifaires. Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs canadiens?
Chaque fois que la menace de droits de douane apparaît, la volatilité du marché n’est jamais loin. Samedi1er février, l'administration Trump a annoncé que les États-Unis imposaient d’importants droits de douane à leurs plus grands partenaires commerciaux : 25 % sur les marchandises canadiennes et mexicaines et 10 % sur les produits énergétiques canadiens. La Chine se voit également imposer des droits de douane de 10 % sur ses exportations.
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Lundi, pour montrer à quel point la situation reste fluide, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé qu'à l'issue d'une conversation avec le président, les États-Unis avaient accepté d'attendre un mois avant que les droits de douane mexicains n'entrent en vigueur.
Il semble peu probable que le Canada bénéficie d'un sursis similaire. Le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé des contre-tarifs de 25 % sur une sélection d’importations américaines d’une valeur de 30 milliards de dollars, et des prélèvements similaires sur des échanges commerciaux supplémentaires d’une valeur de 125 milliards de dollars 21 jours plus tard. Le Canada, le Mexique et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, et un conflit commercial prolongé aurait des répercussions négatives sur ces trois pays.
La réaction des investisseurs n'a pas été une surprise. Les marchés ont ouvert lundi matin avec le S&P 500 (États-Unis), le Nasdaq (États-Unis) et le S&P/TSX (Canada) en baisse de 1,5 %, 1,9 % et 2,8 %, respectivement. Le MXSE IPC (Mexique) était fermé lundi pour cause de jour férié. Le dollar canadien est tombé à 0,68, en baisse de 1,6 % depuis vendredi. Le pétrole brut a augmenté de 1,4 % pour atteindre 73,77 $USD. Si la plupart des investisseurs savent qu'il ne faut pas prendre de décisions d'investissement impulsives, il n'est pas toujours facile de le faire. Les leçons tirées de la période 2017/18 peuvent-elles nous éclairer? Nous nous penchons sur la question.
«Si la plupart des investisseurs savent qu'il ne faut pas prendre de décisions d'investissement impulsives, il n'est pas toujours facile de le faire.»
Les résultats de l’élection présidentielle américaine de novembre dernier a fait la une des journaux du monde entier et a donné lieu à d'innombrables analyses et articles. Parmi eux, l'opinion selon laquelle la nouvelle administration américaine envisageait d'introduire des droits de douane allant jusqu'à 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis.
Pendant que le président nouvellement investi s’affairait à signer une pile de décrets, certains ont pu se demander si le danger était passé lorsque, au lieu d’annoncer des droits de douane, la Maison Blanche a publié un mémorandum demandant aux agences gouvernementales américaines d’étudier les déficits commerciaux du pays et d’évaluer les relations commerciales des États-Unis. Le soulagement a toutefois été de courte durée. En effet, plus tard dans la soirée, le président lui-même a déclaré que des droits de douane sur les produits canadiens pourraient être appliqués dès le 1er février 2025. Cette date est désormais dernière nous et l'administration Trump a tenu parole. Sans surprise, de nombreux Canadiens se sont inquiétés des répercussions potentielles. Si les droits de douane, sous quelque forme que ce soit, sont susceptibles d’avoir un effet négatif sur l’économie canadienne, les investisseurs feraient bien de se rappeler que l’économie est distincte des marchés.
Il est impossible de prédire comment les politiques de Washington évolueront au cours des prochains mois. L'administration Trump changera-t-elle rapidement de cap si les prix de l'essence commencent à augmenter sensiblement ou si l'inflation augmente en raison du surcoût probable des droits de douane pour le consommateur américain? Ou s'agira-t-il d'une bataille de longue haleine? Pour l'instant, toute discussion au sujet de la quantification de l'impact sur l'économie se résumerait, au mieux, à une fausse précision et, au pire, à de la pure spéculation.
De tout temps, le Canada et les États-Unis ont entretenu l’une des relations bilatérales les plus étendues et les plus mutuellement bénéfiques au monde, caractérisée par des liens économiques, culturels et politiques profonds. Voici quelques aspects clés de leur interdépendance :
Commerce : la relation commerciale la plus complète au monde
Ce n’est pas une coïncidence si Ottawa et Washington décrivent le commerce entre les deux pays comme « la relation commerciale la plus complète au monde ». Des biens et des services d’une valeur de près de 3,6 milliards de dollars (2,7 milliards de dollars américains) ont franchi la frontière chaque jour en 2023. Il n’est pas surprenant que le Canada et les États-Unis soient l’un pour l’autre le plus grand marché d’exportation. Les relations économiques étroites entre les deux pays peuvent également être envisagées sous l’angle d’un seul indicateur : l’investissement direct à l’étranger (IDE). Le Canada et les États-Unis sont l’un pour l’autre la plus grande source d’IDE.¹
Énergie : un élément essentiel de la sécurité énergétique des États-Unis
Le Canada est un important fournisseur d’énergie aux États-Unis, notamment de pétrole, de gaz naturel et d’électricité. En fait, il s’agit du plus grand fournisseur d’énergie étrangère des États-Unis¹, faisant du Canada un élément essentiel de la sécurité énergétique des États-Unis. Le Canada exporte chaque jour près de quatre millions de barils de pétrole brut vers les États-Unis, alimentant quelque six millions de foyers américains. Les raffineries américaines, en particulier celles du Midwest et de la côte du Golfe, sont conçues pour traiter le brut canadien plutôt que le brut du Moyen-Orient ou du Venezuela.
Chaînes d’approvisionnement : une interdépendance
Il est de notoriété publique que les deux pays ont des chaînes d’approvisionnement fortement intégrées. Les infrastructures qui relient les deux pays ont été construites au fil des décennies, associant des industries telles que l’automobile, l’aérospatiale et la technologie. Les pièces et les matériaux traversent souvent la frontière à plusieurs reprises au cours du processus de fabrication. En 2023, une importante tranche du fret américain avec le Canada, soit 72 %2, a été transporté par camion et par train. L’ampleur de la dépendance des deux économies a été mise en évidence en août dernier lorsqu’un conflit de travail a conduit deux transporteurs ferroviaires à interrompre le trafic de marchandises sur les deux plus grands chemins de fer du Canada. Les grands titres ont alors souligné que l’arrêt de travail perturberait les chaînes d’approvisionnement nord-américaines et nuirait tant à l’économie américaine qu’à l’économie canadienne.
Canada-États-Unis : les meilleurs amis et les plus proches alliés
Il est clair que les États-Unis et le Canada dépendent fortement l’un de l’autre pour leur prospérité économique, leur sécurité énergétique et leur stabilité régionale. C’est pourquoi ces deux pays ont souvent été décrits comme les meilleurs amis et les plus proches alliés.
Si des droits de douane sont en place à court terme, nous pensons qu’il est peu probable que des droits importants susceptibles de nuire aux deux économies soient imposés d’ici la fin de l’année. Des tarifs de rétorsion ont été annoncés, mais en fin de compte, la plupart des gens s’accordent à dire qu’aucun des deux pays n’a intérêt à ce que le différend commercial se prolonge. Nous pensons donc que les investisseurs devraient ignorer le bruit médiatique à court terme, car il est peu probable que les rendements des placements soient freinés à long terme.
Cela dit, l’esprit curieux souhaitera quand même savoir comment un conflit commercial entre le Canada et les États-Unis pourrait influer sur les rendements des placements.
Comparaison entre hier et aujourd’hui
Pendant la majeure partie des deux premières années de la première administration Trump (2016-2018), le marché boursier américain, tel que mesuré par l’indice S&P 500, s’est bien comporté, soit jusqu’à ce que les différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine s’intensifient à la fin de 2018. L’indice a ensuite chuté de près de 20 %, atteignant son niveau le plus bas à la veille de Noël de la même année.
Comme nous l’avons mentionné précédemment, le marché boursier est distinct de l’économie; cependant, certains commentateurs du marché le considèrent comme un indicateur prospectif de la direction que pourrait prendre l’économie. Dans ce cas au moins, cela s’est avéré prémonitoire : en 2019, un an après la mise en place des droits de douane, les États-Unis ont perdu pas moins de 43 000 emplois dans les usines et l’investissement national des entreprises a diminué.
L’indice S&P 500 a touché le fond au quatrième trimestre 2018, mais s’est redressé en 2019
Renseignements importants
L’indice S&P 500 suit la performance de 500 des plus grandes sociétés cotées en bourse aux États-Unis. Les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
Sans surprise, les investisseurs craignent que l’histoire ne se répète. Leurs craintes sont peut-être accentuées par la conjoncture des marchés caractérisée par des valorisations boursières élevées. Cependant, en 2018, il nous semblait clair qu’il se passait beaucoup plus de choses en coulisses qui auraient pu influer sur le rendement des marchés, les tarifs ne représentant qu’une partie de l’équation.
En 2018, la Réserve fédérale américaine (Fed) était à ramener son taux directeur à ses niveaux cibles après une période prolongée de faibles taux d’intérêt dans le sillage de la crise financière mondiale. La Fed a entamé son cycle de relèvement des taux en décembre 2015, lorsque la fourchette cible pour le taux des fonds fédéraux était de 0,25 % – 0,50 %. En septembre 2018, cette fourchette cible était passée à 2,00 % – 2,25 %.3
À l’époque, on craignait que les droits de douane n’entraînent un ralentissement de l’économie mondiale et que l’économie américaine ne soit davantage touchée par le resserrement de la politique monétaire de la Fed. Les valorisations des marchés boursiers américains ont baissé en raison de l’incertitude entourant l’économie et les bénéfices. Les marchés boursiers mondiaux, quant à eux, ont également connu une baisse importante face à la perspective d’une récession mondiale.
«Selon nous, il est également possible de repérer les secteurs des marchés d’actions qui sont moins sensibles à d’éventuels différends commerciaux.»
Comparons cela avec aujourd’hui. La Fed a sans doute affiché un parti pris pour l’assouplissement, ayant déjà réduit les taux de 100 points de base depuis septembre 20243. Ce que cela nous dit, c’est qu’advenant le cas où l’économie américaine montrerait des signes d’affaiblissement en raison de l’intensification des différends commerciaux, la Fed a beaucoup plus de marge de manœuvre pour stimuler l’économie au moyen de nouvelles réductions de taux qu’elle ne l’a fait en 2018.
Même si nous pensons qu’il est peu probable que l’année 2018 se répète, les investisseurs ont tout intérêt, selon nous, à être proactifs et à prendre des mesures pour protéger leurs portefeuilles de la menace des droits de douane.
Dans ce contexte, nous privilégions une approche équilibrée dans la composition des portefeuilles. Nous pensons que les investisseurs devraient se concentrer sur la sélection des titres, tant en actions qu’en titres à revenu fixe, plutôt que sur une répartition indicielle large. Selon nous, il est également possible de repérer les secteurs des marchés d’actions qui sont moins sensibles à d’éventuels différends commerciaux. Par exemple, après examen, les sociétés américaines à moyenne capitalisation représentent un moyen pour les investisseurs de bénéficier des politiques procycliques et du thème « America First » (les États-Unis d’abord).
Le secteur de l’industrie constitue la principale composante de ce segment du marché. Il s’agit d’un groupe très susceptible de profiter des initiatives de délocalisation et qui a la capacité de fournir une certaine protection contre une nouvelle appréciation du dollar américain, et ce, potentiellement plus que les sociétés à grande capitalisation, dont une plus grande partie du chiffre d’affaires est réalisée au niveau national.
S’adapter aux circonstances
Après le recul important des marchés boursiers américains au quatrième trimestre 2018, les investisseurs ont finalement été récompensés par une forte reprise l’année suivante. Pour nous, il s’agit d’une preuve supplémentaire que les conflits commerciaux à court terme peuvent ne pas avoir de répercussions à long terme sur les rendements du marché. Il est donc essentiel que les investisseurs ne prennent pas de décisions d’investissement impulsives à la suite de nouvelles inquiétantes.
Il est impossible d’éliminer l’incertitude; elle fera toujours partie du parcours des investisseurs, bien qu’avec des déclencheurs variables. L’important en période d’incertitude accrue, c’est de conserver l’objectivité et la clarté de pensée, d’adhérer aux principes d’investissement établis et de se concentrer sur nos objectifs d’investissement individuels.
1 Gouvernement du Canada, le 22 janvier 2025. 2 Commission économique mixte, 4 septembre 2024. 3 Réserve fédérale américaine, le 29 janvier 2025.
Renseignements importants
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