Perspectives de l'inflation aux États-Unis – 10 facteurs à surveiller
Nous entrons dans une période où les inquiétudes concernant l’inflation sont à leur paroxysme. Par conséquent, il est probable qu’on scrutera à la loupe les données sur l’inflation, à la recherche d’indices quant à la suite des choses. Comment les investisseurs devraient-ils aborder l’inflation?
Si nous comparons l’évolution de l’inflation au cours des 18 prochains mois à un roman, il s’agira probablement d’une lecture frustrante, dont la trame procède par à-coups et se caractérise par d’importants déséquilibres de l’offre et de la demande dans certains secteurs et une distorsion persistante des données à la suite du choc causé par la COVID-19. Il existe toutefois 10 facteurs clés – ou rebondissements de l’intrigue, si vous voulez – qui, selon nous, façonneront les perspectives de l'inflation aux États-Unis.
1 Nous nous attendons à ce que l’inflation aux États-Unis évolue en trois phases
Premièrement, nous nous attendons à voir une forte augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) déjà relativement élevé. Après un bond de 4,2 % sur 12 mois en avril¹, il est fort probable de voir l'indice augmenter encore en mai. Au deuxième trimestre et au début du troisième, de nombreuses mesures de l’inflation – des prix des importations aux indices des prix payés – seront probablement plus élevées que prévu.
Deuxièmement, l’inflation devrait commencer à ralentir sensiblement à la fin du troisième trimestre de 2021, une tendance qui devrait se poursuivre en 2022, en raison de la résorption du déséquilibre entre l’offre et la demande. Le passage de l’inflation du secteur des biens à celle du secteur des services, qui prend habituellement un certain temps, devrait également cadrer avec ces perspectives. Nous nous attendons aussi à ce que la main-d’œuvre devienne plus abondante d’ici la fin du troisième trimestre, ce qui devrait apaiser les inquiétudes concernant les pressions salariales. Cette période devrait confirmer que la forte hausse de l’inflation globale était effectivement temporaire.
Aperçu des perspectives de l'inflation aux États-Unis
Pour finir, l’inflation devrait connaître une légère hausse structurelle (de l’ordre de 2,0 % à 2,5 % alors qu’elle était de 1,5 % à 2,0 % avant la pandémie) dès le début de 2023, car la hausse du prix des logements, les dépenses d’infrastructure, l’activité de prêt et les frais médicaux se traduiront par des pressions modérées sur les prix à long terme.
Il est à noter que, durant presque toute la période de nos prévisions, nous nous attendons à ce que l’inflation de base demeure inférieure à l’inflation globale et, surtout, dans la fourchette cible d’inflation d’environ 2,0 % de la Réserve fédérale américaine (Fed).
2 Perturbations de la chaîne d’approvisionnement
Selon nous, le plus grand risque à moyen terme pour l’inflation – susceptible de limiter la croissance et de comprimer les marges – tient aux perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement, particulièrement dans les segments des semi-conducteurs, de certains produits de base et des voitures d’occasion. Étant donné que ces perturbations n’ont jamais atteint une telle ampleur, il n’existe aucune méthode claire pour prévoir comment ou quand ces goulots d’étranglement disparaîtront; toutefois, nous croyons que ces problèmes pourraient perturber certains segments tout au long de 2021. Cela dit, même si les perturbations de la chaîne d’approvisionnement risquent de durer plus longtemps que prévu, nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale continue de les considérer comme temporaires.
3 Attentes en matière d’inflation
Selon les sondages, les attentes actuelles du marché² et des consommateurs suggèrent que les intervenants sur le marché voient les pressions inflationnistes à court terme comme temporaires. Si cela continue, les attentes inflationnistes devraient avoir un impact limité sur l’inflation réelle, et nous ne nous attendons pas à ce qu’elles modifient de manière notable le comportement des consommateurs.
Selon nous, le plus grand risque à moyen terme pour l'inflation (en limitant la croissance et en compressant les marges) est les perturbations continues de la chaîne d'approvisionnement.
4 Le retour au travail pourrait résorber la pénurie de main-d’œuvre
Bien que de nombreux rapports empiriques indiquent que des propriétaires d’entreprise ont dû offrir des salaires plus élevés pour attirer du personnel, nous n’avons pas encore constaté de fortes pressions salariales. Nous nous attendons à ce que la main-d’œuvre retourne sur le marché plus tard au cours de l’été, probablement à l’approche de septembre, lorsque les écoles auront rouvert et que les inquiétudes suscitées par la COVID-19 se seront sans doute dissipées. C’est aussi à ce moment que les programmes d’aide d’urgence à l’emploi du gouvernement fédéral expireront. D’ici là, les déséquilibres entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi devraient persister, ce qui donnera à penser que de fortes pressions salariales sont imminentes. Si la main-d’œuvre ne devient pas plus abondante d’ici là, ce pourrait être le signe d’une augmentation généralisée de l’inflation dans les mois qui suivent – un des principaux risques d’accélération de l’inflation qui mérite d’être surveillé.
Les petites entreprises affirment que les postes sont difficiles à pourvoir, mais elles ne prévoient pas augmenter les salaires
5 La vélocité de la monnaie
Voici une vérité économique : la création d’argent peut entraîner des pressions inflationnistes, mais pour que cela se produise, l’activité de crédit doit augmenter considérablement (autrement dit, la vélocité de la monnaie doit augmenter). En théorie, le redressement de l’économie doit entraîner un meilleur équilibre de l’offre et de la demande et une amélioration de l’activité de crédit. Cependant, nous nous demandons si le niveau élevé de l’épargne accumulée, combiné à l’augmentation structurelle traditionnelle de l’épargne de précaution, réduira ou retardera la demande de crédit des ménages. Si nous avons raison, la vélocité de la monnaie demeurera faible.
6 L’incidence des dépenses publiques sur la croissance n’est pas aussi prononcée
Alors que les dépenses publiques resteront sans doute considérables, l’impact des mesures de relance actuelles sur la croissance et l’inflation se fera surtout sentir en 2021 et au premier semestre de 2022. Il est important de noter que les données laissent entrevoir que les multiplicateurs budgétaires des mesures de relance soutenues sont faibles; autrement dit, ces multiplicateurs devraient avoir une incidence relativement faible sur la croissance et l’inflation au cours des prochaines années. Il faut également avoir à l’esprit que la forte réduction des mesures budgétaires qui s’opérera plus tard cette année fera baisser les dépenses publiques, ce qui commencera à peser sur la croissance réelle en 2022. Naturellement, l’augmentation proposée des dépenses en infrastructures aura un effet positif sur la croissance, mais son impact sur l’économie réelle ne se fera sans doute sentir qu’à long terme. Selon nous, les dépenses en infrastructures sont plus pertinentes pour les projections d’inflation à long terme que pour celles à court terme.
7 L’inflation reste modeste à l’échelle mondiale
Les États-Unis ne vivent pas en vase clos – l’inflation dans ce pays est fortement corrélée à l’inflation mondiale, qui reste faible. Il convient de noter que les tendances du crédit en Chine suggèrent un ralentissement à venir de l’inflation dans ce pays, qui tend à se répercuter sur l’inflation aux États-Unis par l’intermédiaire du commerce et des forces mondiales. La faiblesse relative du dollar américain a fortement contribué à l’inflation aux États-Unis et les signes de dépréciation soutenue du billet vert se traduiront par le renchérissement des importations.
8 Inflation dans le secteur des biens et inflation dans le secteur des services
L’augmentation des prix des biens a caractérisé la récession causée par la COVID-19. Elle est largement attribuable à la demande accrue des ménages pour les biens (plutôt que pour les services) et à la hausse des prix des produits de base, qui ont fait grimper l’inflation globale, mais pas l’inflation de base. Nous croyons maintenant que l’élan inflationniste sur 12 mois qui sous-tend les facteurs à l’origine du renchérissement des biens a atteint son sommet, ou s’en approche, et que ce renchérissement ralentira lorsque les prix des services commenceront à grimper. Par exemple, un examen attentif des éléments les plus pertinents du panier de biens de l’IPC montre que le coût de certains biens (meubles, voitures d’occasion) a fortement contribué à l’accélération de l’inflation, tandis que d’autres (vêtements, billets d’avion) continuent de subir des pressions désinflationnistes et ont limité l’augmentation des prix1. Avec la réouverture de l’économie, l’ordre de ces deux catégories de biens de consommation risque de s’inverser et, dans l’ensemble, de faire baisser l’inflation.
Cependant, cette transition ne devrait pas se faire en douceur, et le décalage entre l’augmentation des prix des services et la hausse relativement plus lente des prix des biens explique dans une certaine mesure pourquoi l’inflation restera élevée en avril, mai et juin.
L’augmentation des prix des biens a été plus rapide que celle des prix des services pendant la récession causée par la COVID-19
9 Décalage entre les prix des habitations et les loyers aux États-Unis
Le coût du logement demeure l’élément le plus important du panier de l’IPC. Dans l’IPC, il est calculé en utilisant les loyers et non le prix des habitations. Les loyers et les prix des habitations fluctuent généralement en tandem, mais leur corrélation s’est effritée pendant la récession causée par la COVID-19 – principalement parce que les personnes ayant perdu leur emploi durant la période étaient majoritairement des locataires et non des propriétaires. En conséquence, les loyers ont baissé alors que le prix des habitations a augmenté. Selon nous, les loyers devraient commencer à augmenter à mesure que l’économie rouvre et que les propriétaires acquièrent un meilleur pouvoir de fixation des loyers; cependant, les loyers tendent à augmenter avec un certain retard, ce qui signifie que la hausse des loyers est plus susceptible de se traduire par des pressions inflationnistes après 2022 qu’au deuxième semestre de 2021.
Principales composantes du panier de l’IPC : prix et prévisions
10 Surveiller la dynamique de l’inflation structurelle
Jusqu’à présent, nous nous sommes concentrés sur ce qui devrait se produire au cours des 18 prochains mois, mais nous pensons qu’il est important de ne pas perdre de vue la situation dans son ensemble : la dynamique inflationniste et désinflationniste à long terme. Nous continuons de croire qu’à long terme, les dynamiques structurelles comme la numérisation, la démographie, l’amélioration de la productivité et la hausse de l’endettement sont des forces désinflationnistes plus puissantes que les pressions inflationnistes créées par la transition climatique, la démondialisation et d’autres chocs géopolitiques. Par conséquent, d’un point de vue stratégique, l’inflation est moins susceptible de s’accélérer, à moins d’une mauvaise surprise. Dans un monde où les perturbations sont de plus en plus fréquentes, rien ne devrait être tenu pour acquis.
Facteurs structurels qui influenceront l’inflation à long terme
Source : Gestion de placements Manuvie, au 13 mai 2021.
1 US Bureau of Labor Statistics, 12 mai 2021. 2 Bloomberg, au 12 mai 2021.
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